Pourquoi vouloir transmettre notre parler d'Anjou ?

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Pourquoi vouloir transmettre notre parler d'Anjou ?

Dans le sillage de notre participation à l'inauguration de l'ouverture, saison 2016, du Musée des Métiers de Saint-Laurent de La Plaine, notre revue trimestrielle (n°141 de mars 2016) publiée par les Amis du Folklore et des Parlers d'Anjou, est consacrée aux vieux métiers .

Voici l'éditorial de Gérard Cherbonnier, notre président :

"Propous d'ein président
Quelle chance cette rencontre avec le président du musée des métiers de Saint-Laurent-de-la-Plaine à l’occasion de la fête champêtre Ruralivre au Petit Pavé de Saint-Jean des Mauvrets en 2015 ! Beaucoup, comme moi, se sont aperçus du lien entre les métiers et nos parlers ; cette rencontre nous a donné l’occasion de concrétiser ce lien entre métiers et parlers.
Souvent vous entendrez « en Anjou le parler, il varie d’un clocher à l’autre ». Mais si les mots varient d’un village à l’autre, d’un canton à l’autre, c’est aussi parce que dans la vallée on y travaillait le chanvre et sur les côteaux la vigne, que les outils du perreyeux ne sont pas les mêmes que ceux du tisserand en cave, etc.
Le « parler » qui sert à échanger, partager, transmettre, communiquer est un élément essentiel de notre culture, il est donc bien normal que nos anciens se soient fabriqué des mots et des expressions pour répondre à leurs besoins spécifiques, avant même de savoir lire un dictionnaire. Tout comme il y a des groupes sociaux différents – avec des vécus différents – il y a des mots, des expressions différentes. Nos parlers d’Anjou, même s’ils prennent racine dans les langues d’oïl, étaient avant tout pour nos anciens un besoin d’exprimer avec leurs propres mots leur vécu pour le transmettre.
Nos auteurs patoisants ne s’y sont pas trompés, avec un sens de la rime et du rythme qui n’a rien à envier aux plus grands noms de la poésie. C’est tout d’abord la description de vécu que l’on retrouve dans leurs rimiaux, perdant même parfois au passage la bonne orthographe du mot.
Il ne faut donc ni se leurrer ni leurrer les gens, si mes arrière-grands-mères maternelle et paternelle – je me rappelle – parlaient en patois, c’était en raison de leur vécu quotidien. Or, aujourd’hui, notre vécu est différent : la télé a remplacé les veillées, la machine à laver a remplacé la buée, le cantonnier est remplacé par une machine, etc. Certains peuvent le regretter, mais c’est ainsi.
Alors, pourquoi aujourd’hui encore vouloir transmettre ce parler s’il n’est plus utilisé ? Eh bien, précisément, comme pour tous ces vieux métiers que l’on retrouve au musée, c’est pour conserver pour les générations à venir un héritage vivant du vécu de nos anciens, par exemple l’héritage d’un travail bien fait, du temps qu’il faut parfois laisser au temps ; transmettre que la diversité des métiers, des parlers, c’est notre richesse commune et non nos différences…
Merci donc au musée des métiers de nous avoir sollicités pour fixer les mots de nos parlers pour que le vécu de nos anciens, paysans, artisans, vive et se transmette."

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Il est possible de se procurer cette revue auprès de l'association des Amis du Folklore et des Parlers d'Anjou (prix : 5€). On y retrouve les rimiaux que nous avons enregistrés afin que les visiteurs puissent les écouter sur les bornes du musée, et d'autres encore...

Publié dans Patois et Patrimoine

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