Le Syndrome éolien
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Le monde savant a constaté qu’il y avait bien un syndrome éolien...
Voici un rimiau que j'ai écrit récemment sur le sujet et publié dans la revue "Journau d'nout temps" n°156 (décembre 2019), éditée par les "Amis du Folklore et des Parlers d'Anjou".
D’eun’ furibonde est l’ pèr’ Couénard !
Lî qu’était point trop bagouillard
le v’là qui braille et nous assaoûle
Jusqu’à n’en pardre la ciboule.
Ce qui l’travaîlle disent d’auqueun,
-Ben avant l’heûr’, ça c’est çartain-
Ben c’est l’syndrome aéolien !
Pardié, c’est-y pas sur sés terres,
Et parsonn’ n’en fait pûs mystère,
Qu’on ajanc’ra en rang d’ognons,
Toute eine flopée d’éoliennes !
Voélà l’ pourquoé qu’il est grougnon...
Qu’il goul’ don’ après lés machines !
Mais pour finir î nous bassine.
Il est bénaise de s’mouver
Au l’siècle de l’actricité.
Voudrait-y rev’nir à l’ancienne ?
Que y’aurait-y d’piaisant qu’on r’vienne
Aux vieux lampions pour s’éclarer,
Aux temps lointains de la résine ?
Que d’jérimiades !... Î nous bousine !
Quand marche leurs mécaniss’ries
On dit qu’cés moulins font d’ l’agât,
Le bruit’ qu’als font doune el tournie,
Ein bruit d’lave-linge qu’en finit pas...
Ça n’agré point à plus d’ein gâs,
Ni meime aux vieux, pas plus qu’aux mômes,
Alors le v’là, l’ fameux syndrome !
Mais dis don’ l’pèr’, t’es ben pich’lin !
Coument f’saient don’ les vieux moulins.
Coument f’saient don’ les vieux meuniers
Et leûs famill’s, leûs gâs, leûs feilles ?
Tertous leur fallait ben durer.
Tu veux l’silence ?... Î yia ma foués,
Pour ça quéqueun d’achalandé,
C’est l’ phormâcien qui vend d’ la vouète :
Pour deuss-troés sous tu yien ajète,
Et t’enfourn’ ça dré dans l’ z’oreilles
Et l’ tour est joué, t’ entends plus ren !
Essaye ein coup ren d’pûs souv’rain !
Lés racontars, eux, fil’nt bon train :
On discut’ fort chez monsieur l’maire
Et ça n’é point pour lui déplaire
A Couénard, qu’en est vrai bénaise,
Les éoliennes s’raient plus pour lui !
Qui va lés prendre ? y’a des « on dit » :
Ça s’rait p’têt’ Paul, Pierre ou Jérôme
Qui ’gangn’rait c’te foutu Syndrome !
Ne dit-on point dans lés familles
Qu’ça s’rait ein coup d’chez les Cornille
Qui ont l’bras long comm’ châqueun l’sait.
Coum’ îs ont des sous plein leurs bottes,
Is n’se prenn’nt point pour des p’tit’s crottes.
Dam’ îs n’ont ren que du beau fait
Et n’ fonctionn’nt qu’à l’actricité.
Si ben qu’ils redoutent la panne,
S’trouver dans l’noér coum’ dés bobanes
La min’ moins rusée qu’ein pingouin !
On veut l’ courant qui point s’éteint,
Dis’nt les Cornill’s à leurs voésins...
Mais surtout point des éoliennes !
Ah ! dam’ pour ça, dame ils y tiennent,
Ben qu’al’ sèy’nt loin d’leur voésinage,
Ça leur gâch’rait leur paysage !
Que v’là dés gens à l’esprit large...
Astheur les v’là ben délicats...
Pour trois foés ren font d’z’embarras
Et des chichis que d’aut’s f’raient pas...
Qu’al est bizarre c’te famill’ là !
Tandis c’temps-là la rumeur trotte,
A saut’ lés rues, les ch’mins, les rottes,
Ren ne l’arrête a va bon train
Et anvec ell’ les grous moulins
Qui s’raient bentoût à noutre amain...
Oui, près d’chez nous, tout près du bourg,
On parl’ des prés à Jean Allaume...
Oh, mais alors, v’là qui chang’ tout,
Pass’ qu’alors, à nous les joujous,
Et c’te sapré putain d’syndrome !
J’aimons l’ progrès, je l’dis partout,
S’ment cés machins, c’est gros coucous,
Qu’ils part’nt ailleurs... et loin d’chez nous !!!