Patois angevin et folklore

Publié le

 

qu'est-ce qu'un folklore - article AA du 28 fév 198 page 

Emile Joulain a évoqué le sujet dans sa chronique " On s'cause en patoës".

 

 

Voici cet article paru dans la revue "Anjou Agricole" du 28 février 1981 :

 

 

 

Le syndicat d'initiative de l'Anjou va bientôt sortir un nouveau guide de notre province. Les éditeurs de ce guide (en l'occurence mes amis les dirigeants dudit syndicat  d'initiative et singulièrement Me Pierre Gâté et Mme Dreyflis) m'ont demandé de consacrer quelques lignes, dans ledit guide, "Au Folklore Angevin" : rien ne pouvait me faire plus  plaisir, étant donné que j'ai voué à la tradition une bonne partie de ma vie.

Mais qu'est-ce donc que le folklore, en général ? "De quoi s'agit-il ?" disait le Maréchal Foch. Pour le savoir, il n'est que d'ouvrir un dictionnaire. J'ouvre mon dictionnaire Etymologique, d'Albert DAUZAT, qui m'est d'autant plus précieux que je le tiens de mon grand maître Marc Leclerc, qui m'honora de sa grande amitié, et j'y trouve ceci :

"Folklore : (1885 : de Puymaigre) composé anglais (proprement : science du peuple, (folk.) créé en 1846 par Thoms."

La définition du Petit Dictionnaire Larousse (édition 1942) est plus détaillée :

"Folklore : nom masculin anglais (folk : peuple, et lore : science) science des traditions et usages populaires. Ensemble des traditions, poèmes, légendes populaires d'un pays."

Comme on le voit, la caractéristique du folklore est d'être essentiellement populaire et de s'être transmis par la tradition, et surtout par voie orale, de bouche à oreille.

Le folklore, on le reconnaîtra donc à ce qu'il n'est presque jamais signé, que ses auteurs relèvent du plus strict anonymat.

Et pourtant c'eût été dommage qu'il ne fût pas, un jour ou l'autre, fixé, pour ne pas sombrer dans le plus noir oubli.

C'est à quoi se sont employés, depuis de longues années, des mainteneurs de toutes catégories : 

- De grands érudits, comme Marc Leclerc, qui a ressuscité le dialecte angevin, vieux de plusieurs siècles, dans ses célèbres "RIMIAUX D'ANJOU" et des disciples, dont je suis, qui lui ont emboîté le pas et dont on trouvera plus loin une liste, bien incomplète;

 

- Des chercheurs, comme François Simon, qui a recueilli le trésor des vieilles chansons populaires angevines dans un volume qu'on trouvera peut-être encore chez les bouquinistes, ou Henry Cormeau, avec ses "TERROIRS MAUGES" dont je parle plus loin (1) et son roman "LE MAL JOLI" pittoresque chronique du BEAUPREAU d'il y a cent ans;

 

- D'autres, pieusement, et parmi eux, beaucoup de jeunes, Dieu merci ! se sont consacrés à l'exhumation des vieilles danses populaires, à la recherche des vieux costumes et des coiffes anciennes et les ont revêtus et s'en sont coiffées dans des groupes folkloriques de plus en plus nombreux, en perpétuant ainsi, en quelque sorte, le passé par un folklore vivant.

 

Mais je pense que la plus belle synthèse du folklore angevin est l'oeuvre admirable de deux enseignants de notre pays : A. J. Verrier, professeur au lycée d'Angers et René Onillon, instituteur public, qui, au début de ce siècle, ont élevé au folklore angevin un incomparable monument : "le glossaire étymologique et historique des patois et parlers de l'Anjou" (1ère édition chez Germain et Grassin, rue du Cornet et rue Saint-Laud, et où l'on trouvera (car on vient heureusement de le rééditer) non seulement des milliers de mots en patois, avec des exemples, mais encore un folklore très complet de tout ce qui intéresse notre province : histoire, coutumes, chansons, etc. trésor indispensable à tous ceux qui désirent parler de la tradition angevine en connaissance de cause.

  

Et pour compléter cet article, on trouvera ci-dessous la liste des principaux poètes patoisants angevins, disparus ou vivants, et des groupes folkloriques de l'Anjou : grâce à eux, notre folklore n'est pas près de mourir.

 

Mazé, 27 février 1981.

Emile JOULAIN.

 

 

 

(1) LES TERROIRS MAUGES d'Henry Cormeau. (Miettes d'une vie provinciale (n° 9); malheureusement introuvable en librairie, sauf chez les bouquinistes. Je serais reconnaissant au lecteur ou à la lectrice qui m'en signalerait un exemplaire.

 

                                                               *

                                                              * *

 

Et voici la liste, sans doute incomplète, des principaux poètes et diseurs patoisants. Qu'on veuille bien m'excuser si j'en oublie. Les disparus sont marqués d'une croix.

 

Marc Leclerc +, Sylvain Roc +, André Allory (Charles-Antoine) +, Félix Landreau +, Louis-Charles Morin, Maurice Murzeau (Charles Duloir), Mme Renée Beldent +, Yvon Péan (Guérin Defontaine), Mme Goisnard (Tante Gustine), Henri Jubeau (Fourchafoin), Edmond Rubion, Maussion (de Bourg-d'Iré), Chiron (de Paris), Jean Bellard, Jean Bidet, Daniel Aillery, Yves Bourreau, Raymond Trimoreau, etc., et Emile Joulain, dit "L' gâs Mile" !

 

Vous voyez que la liste est longue des interprètes de notre patois, et voici pour la compléter, celle des groupes folkloriques angevins qui s'allonge de plus en plus. Si j'en oublie, prière de me le signaler. J'y joins, dans la mesure du possible, les noms de leurs principaux responsables. Là encore, je fais appel à vos lumières.

 

1 - La Compagnie Marc Leclerc, d'Angers (Responsables : M. et Mme Jacky Pineau. 

2 - La Brise d'Anjou (M. Morin) Angers. 

3 - La Perles de l'Anjou (Saumur, Mme Caillière). 

4 - Les Compagnons du Mouchoir (Cholet, M. Souriceau). 

5 - Le Bel Pratel  (Beaupréau) ?.

6 - Le Groupe Félix Landreau (Mme Ferrand, (Murs-Erigné). 

7 - La Câline (Montreuil-Bellay Mme Beau). 

8 - Le Terroir Angevin (M. et Mme Pageas, Angers). 

9 - La Sabotière (Chalonnes-sur-Loire, M. Jean Bidet). 

10 - Les Compagnons de l'Aubance, Mme Colette Biotteau, Saint-Jean-des-Mauvrets. 

11 - Les Jeunes du Baugeois (Montigné-les-Rairies, Mme Janine Berger).

   

Ne vous semble-t-il pas que le folklore est bien défendu en Anjou ? Je sais qu'il existe dans notre province, un peu partout, des groupes en formation, signe que le goût de la Tradition n'est pas mort chez les jeunes. J'y reviendrai, d'ailleurs, bientôt. Mais, en attendant, que ceux que j'ai oubliés, veuillent bien éclairer ma lanterne ! Merci !

 

Mazé, le 28 février 1981.

Emile JOULAIN.

 

 

 

Publié dans Patois et Patrimoine

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article